La Maison des Arts Contemporains (MAC) de Pérouges propose une exposition qui, en mettant en avant le processus de scénographie plutôt que les œuvres elles-mêmes, invite à une réflexion profonde sur le travail invisible, et même invisibilisé, dans l’art contemporain.
Par extension, l’exposition nous interroge sur les autres formes de travail et les autres formes d’arrières du décor.
La scénographie exposée, le travail est enfin rendu visible
Traditionnellement, la scénographie est perçue comme un outil au service des œuvres, un cadre qui doit s’effacer pour laisser la place à l’art. L’invisibilisation de ce travail de mise en place n’est pas un effet collatéral, elle est recherchée et valorisée : cela « ne doit pas se voir ».
Pourtant, dans cette mise en scène de la MAC, le processus de scénographie devient l’objet même de l’exposition. Les supports vides d’œuvres, les plans scotchés à la hâte ici ou là, les maquettes et le provisoire ne sont plus des éléments neutres, mais le sujet même de l’exposition. Cette inversion des codes interroge : pourquoi le travail de préparation d’une exposition est-il habituellement invisibilisé ?
En psychologie du travail, cette question renvoie à la notion de « travail réel », c’est-à-dire l’ensemble des activités, souvent tacites (non discutées), qui permettent la réalisation d’une tâche ou d’un projet. Ces activités sont reléguées à l’arrière-plan au profit du « résultat final », alors qu’elles sont essentielles à la réussite de toute entreprise.
Le travail invisible et la reconnaissance
Pour le psychologue du travail, l’invisibilité du travail est souvent associée à un manque de reconnaissance. Les tâches qui ne sont pas directement visibles ou mesurables tendent à être sous-estimées, voire ignorées. Dans le contexte de l’art contemporain, cette invisibilité concerne non seulement les scénographes, mais aussi les régisseurs, les techniciens, les conservateurs et tous ceux qui participent à la création d’une exposition. En mettant en lumière la scénographie, la MAC reconnaît l’importance de ce travail et invite à le considérer comme faisant partie du processus de création. Cette démarche rejoint les réflexions de chercheurs comme Yves Clot, qui insistent sur la nécessité de rendre visible « tout le travail » pour mieux le comprendre et le valoriser.
Si vous passez dans l’Ain…
L’exposition de la Maison des Arts Contemporains de Pérouges offre une occasion de réfléchir au travail invisible dans l’art contemporain et, plus largement, dans nos sociétés. En rendant visible ce qui est habituellement caché, elle invite à une prise de conscience des dimensions invisibles du travail et à une meilleure reconnaissance de celles et ceux qui les accomplissent. Cette démarche, qui trouve des échos dans la psychologie du travail, confirme que l’art contemporain peut être un outil de réflexion sur les enjeux sociaux.
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